On pouvait l'imaginer perdue, cette grâce infinie qui n'a de cesse de revenir frapper à la fenêtre, elle qui veut le chaud de nos sommeils et tout l'amour dont nous rêvons quand dans une couture de bleu nous disparaissons - c'est vertu cristalline comme ta peau usée. Comme, tu sais, le frottement.
J'avais peur de te toucher. Tendre les doigts et t'apprendre à en crever. Seule entre mes murs, j'ai plongé dans ton sourire pour l'ouvrir et tout laisser couler que je puisse le boire et me remplir de cette marée - refluante.
Est-ce que je suis devenue lune ?
De la buée sur la vitre, un croissant qui se ferme en cicatrice de soulagement. Je regarde mon ouvrage d'organza destiné à l'inachevement. J'ai eu si peur d'avoir perdu le chemin, mais tu frappes encore et je moi tu - oh la la.
En ta disparition, j’ai pris connaissance des nouveaux signes. Dans la présence de l’éternelle distance entre la tête et le coeur, je regarde tomber mes oripeaux. Je me suis dévêtue devant le miroir de Psyché, dans le reflet j’ai lu un geste ultime - défaire. L’investiture des espoirs, le désespoir des vêtus - phénomènes dans la distance où la classe devient essence, sublimée dans la torpeur. Toutes ces divinités m’apparaissent désormais pour ce qu’elles sont, en violet, en Prada, en rêve de fonctions. Moi, devant ma page blanche, entre le fil, le mot et le trait, je me débats dans la quête absurde de la grâce. L’approximation technique, je n’avais de cesse de la brandir comme étendard d’une sincérité. Elle devient soudain impasse. Pourtant la détermination, pourtant l’épreuve du feu de l’intérieur, le creuset tu vois, le vaisseau de terre où se dénude matière et intention, c’est un principe actif. Ça me dit : Prends soin de tes rêves. Ça me dit n’oublie pas le silence perpétuel du coeur.
Le Mistral toute la journée - drapé d’ombres sur le mur d’une chambre en boule de chaos. La terreur de tout précipiter, trop vite, trop profond. Comprendre avant de projeter. Je suis une apprentie. Je ne sais plus rien faire, à part peut-être poser ces mots en élan. Depuis que j’ai commencé à écrire ce journal, comme une sorte de retour à l’humilité après des années de scarifications de mon ego, je me suis posée la question du fantasmagorique et de l’incarnation. Dans quelle mesure ce que je formule peut se trouver piégé dans la matière. Comment mon désir, pur moteur de vie qui échappe sans cesse au contrôle, pourrait libérer le mouvement enlisé - et réconcilier les mondes, entre mes deux mains.
Les croiser en mon sein, intention.
Je t’écris de l'intérieur parce que ma sauvagerie vient des rideaux lourds que l’on tire vers soi-même. C’est vital pour me regarder dans une glace et apprendre à voir en travers de moi comment se place la peau qui hésite. Le danger de nos vies ne suffit pas. Les frissons naissent du miroir et nos poèmes des frissons. Cette obsession catégorique, lancinante et voluptueuse du pli sur un métal à vif.
Presque calme ce matin. L’émeute en dedans qui dit non non non et qui juge tout ce que font ces mains a décidé de fermer sa gueule. Une plainte limérente a eu raison de mes doutes. Des mots glissés cette nuit par désir, simplement, ont apaisé l’envie d’être - et le faire apparait dans son hybride. Le vêtement-écrit semble soudain plus proche de moi que le dessiné, parce qu’il ne cherche pas à montrer le lieu où se tisse la grâce mais la trajectoire vers. De mes réflexions ces derniers jours, quand le sommeil se refusait, quand je mélangeais tes paroles à ma frustration d’être passée à côté de tout, j’ai tiré un principe de transition perpétuelle, hypnagogique presque. Ce moment "entre" ------- traçant le passage d’un état du tissus à l’autre en flux de souffle le long d’une silhouette géométrique.
J’aimerai pouvoir t’expliquer pourquoi ça fait trois jours que je dors pas. Que c’est d’épuisement que je m’évanouis vers 4h du matin. J’ai dans la tête cette boucle de cri, une alarme qui me demande tout. C’est comme me percuter d’un coup, depuis l’intérieur de moi-même. De l’envers, puis pliée endroit sur endroit. Je cherche précisément où ça doit se coudre et c’est ce qui me tient éveillée dans le spectral - là il est deux heures vingt et je sais que rien n'est fait et que je vais défaire et refaire encore et encore, dans l'erreur, l'approximation. Il y a des fulgurances dans cette détresse. Des moments de paix où soudain le geste de haut en bas devient respiration, soupir. Prendre le pouls de cette robe, sentir la vie s'effilocher en compte à rebours. La batterie d'un souffle abandonné où se déploient les nénufars.
Je me retourne en geste d’esquive pour échapper à l'égrène d'un rêve de moi. Dans le mouvement son empreinte est un bâti léger - couches de toiles et d’existences où l’aiguille invisible se fend.
Réveillée dans des draps inconnus, en état de choc après être allée au bout de ce que je pouvais accepter de mon ego - ce cri qui ne sort pas encore tellement j’obsède l’écho. Je me demande ce qu’il peut y avoir après ça - ou bien non, je sais mais peut-être qu’il me reste une dernière chose à faire avant l’apprentissage. Un deuil, tu vois ?
Il y a des petits chats noirs sur la couette et dehors le soleil. Et je me demande combien de jupes j’ai en moi ce matin, à comprendre. Assise dans le mou, j’ai commencé l’ouvrage du jour en lenteur - un fond de migraine. Je trouve dans ma respiration l’attente patiente de ce moment précis où le fil craque, laissant le soupir refluer.
“All other things will eventually grow.
And at some point they will break.
And that’s ok.”
tu me demandais si ça devait se figer dans la grâce impossible ou si on pouvait se draper dedans, s’enrouler et marcher sans se faire un croche-pied. s’introduire dans le placard des autres, comme des petits rats qui font des nids avec des mouchoirs en papier. pour que le monde se sente bien et qu’on puisse chanter en écho dans la solitude de nos chambres chantier. tous les cris qui ont besoin de sortir. je me suis demandée, sincèrement, ce dont *moi* j’ai besoin : de bleu, c'est évident. mais aussi d'une pratique apaisée pour les autres. sortir de la pure contemplation, crever cette bulle où tout est toujours possible malgré les doigts en lambeaux et la poussière dans le visage. la peur de se perdre, ça paralyse. et pourtant, il y a deux mains : ici le visible, là, l’invisible et entre les deux toute cette transition qui ne cesse entre le placard et la bulle. peut-être qu’il faut accompagner ceux et celles qui grandissent.
et peut-être que le bleu, c’est le bonheur.
c'est comme me réparer tu vois. assise sur un coin de matelas, je reprise cette seconde peau et j'ai l'impression de me donner une chance. de frôler, de frémir - un tissus donnant élan à cet épiderme qui hésite. je te parlais de cette dimension invisible entre nous, bulles d'intime qui se déplient, gonflent et refluent quand soudain ta présence est trop. et ce vêtement sera ma seconde, ma troisième intention - expression dans la matière de toutes ces compositions invisibles qui me tissent sans cesse. le taux de rafraichissement de mon identité qui decélére.
from here we go sublime.
THE GATHERING OF FLOWERS
Wave of an handElectric blue is a color whose definition varies but is often considered close to cyan, and which is a representation of the color of lightning, an electric spark, and the color of ionized argon gas; it was originally named after the ionized air glow produced during electrical discharges, though its meaning has broadened to include shades of blue that are metaphorically "electric" by virtue of being "intense" or particularly "vibrant". Electric arcs can cause a variety of color emissions depending on the gases involved, but blue and purple are typical colors produced in the troposphere where oxygen and nitrogen dominate.
Bursts of red bags and gloves
Intimations of sacredness
Dark medieval
Interplay of opacities
Floating rhythmics
Kimonos
The codes of classicism and uniform dressing are the instruments
A grave severity, determination
Capes
"Semblable fusion de l'oeuvre d'art avec le cours de la vie quotidienne est le legs méconnu des expériences menées par Sonia Delaunay dans la thématique temporelle au cours des années 1910. Revenue à Paris en 1921, elle s'attache à réaliser plusieurs projets inscrits dans la temporalité : les "robes-poèmes" pour Tristan Tzara et Philippe Soupealt (1922-1923), les projets théatraux et chorégraphiques La danseuse aux disques (1923) et Le Coeur à gaz (1921), le film Le P'tit Parigot (1926) et la boutique Simultané présentée dans le cadre de l'Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes de 1925. Toutefois, on peut sans doute soutenir que son travail dans le champs temporel a trouvé sa manifestation la plus accomplie dans ses textiles et créations de mode de cette période. Ici, le simultanisme échappait aux confins de l'art et prenait pleinement part au monde, pour devenir comme Robert Delaunay le revendiquait, une "peinture vivante", créée et recréée par la personne qui la portait et l'utilisait au fil des années. Ses textiles simultanés fonctionnaient de la sorte, comme une forme de "matériaux à construire les prochains ensemble" (la formule est elle aussi de Robert) - réagissant au monde tel qu'il est, mais aussi participant au temps à venir." Juliet Bellow, Les couleurs de l'abstraction, 2012
"This rethinking of disposability has an anti-capitalist appeal, as does thinking of oneself as someone who is not only, always, a consumer in search of the next purchase. But in the same way that making sustainable clothing purchases is a privilege many cannot afford, it is a privilege to have the resources needed not only to mend something but also to take the time to make it beautiful. It is also a privilege to feel comfortable wearing clothes that are visibly worn, however beautiful the repair. We need to be careful not to romanticize the history of mending, a craft that has grown out of necessity."
glamour being an old witchcraft practice of setting intentions to allure - the nature of glamour, which is drawn primarily from the essence of human sentiment distilled from primal emotion, refined by post-contemporary occultniks
flowing
indulging the rush constantly
harvesting emotions and dream energies
plucked from the flowers
"La mode n'honore pas le projet poétique que lui permet son objet ; elle ne fournit aucun matériau à une psychanalyse des substances." Barthes, Système de la Mode, 1967
a reminder of surface attack : the question of violence in fashion appears irrelevant to glamour but the mask passes for a great equalizer : eyes become the focus. Once we accept the eyes as the soulful presence imbuing clothes, fashion becomes obsolete.
plongée dans un doomscroll des collections printemps-été 2021 calme en ses paupières, assise les jambes repliées en origami dans un gris jean serré. un pull noir de marin remonté aux avant-bras épouse son tatouage de vagues déliées jusqu'aux mains soulignant le visage - un doigt suspendu sur sa lèvre pour s'empêcher de vomir.